Il était une fois... des histoires.

La vallée des fées

Corina est une petite fille, âgée de quatre ans. Elle a de grands yeux bleus, comme un ciel d’été. Elle ne lâche jamais son doudou. C’est un lapin rose délavé, dont le bout des oreilles est tout usé. Il a été lavé, tant et tant de fois. Mais pour rien au monde, Corina ne voudrait se séparer de Madame Longues Oreilles. Pour simplifier, Corina appelle affectueusement son doudou : Madame LO.

Aujourd’hui, c’est dimanche. Corina et ses parents se promènent dans la forêt. Maman montre des fleurs à Corina, en les nommant. Papa marche devant elles. Corina serre Madame LO contre sa poitrine. La forêt semble mystérieuse. Que se cache-t-il derrière les arbres ? Et sous les buissons ? Y-a-t-il des méchants loups ? Guère rassurée, Corina se rapproche de Maman.

Corina avance sur le sentier qui semble sans fin. Elle se sent fatiguée. Soudain, son regard est attiré par un papillon, aux merveilleuses couleurs. Corina lâche la main de Maman et suit la magnifique créature qui s’élève vers la cime d’un arbre. Déçue, la petite fille regarde vers le sol et découvre des fourmis qui avancent en file indienne. Certaines portent des œufs blancs, d’autres des morceaux de feuilles vertes et d’autres encore des brindilles. Corina s’accroupit et regarde passer le long cortège. Ca n’en finit plus ! Elles ne sont jamais fatiguées ces fourmis ?

 Finalement, Corina se lasse de ce spectacle. Elle se redresse et constate que ses parents ne sont plus là.

- Où est Maman ? Où est Papa ? dit-elle les larmes aux yeux.

Maintenant, Corina court. Elle a peur dans la forêt. Heureusement, elle n’est pas seule. La présence de Madame LO, la rassure.

- Ils ne sont pas loin, dit-elle tout bas à l’attention de Madame LO.

Soudain, Corina s’arrête. Devant elle, il y a deux sentiers. Lequel prendre, pour rejoindre Maman et Papa ? La petite fille hésite, puis finalement prend le chemin de gauche. Elle serre très fort Madame LO contre sa poitrine. Tout est silencieux. Il semble n’y avoir personne.

La petite fille passe entre deux gigantesques chênes. L’air crépite soudain, autour d’elle. Des petites flammes dorées viennent caresser son petit corps. Cela chatouille ! Corina ne peut s’empêcher de rire. Un rire joyeux. Un rire d’enfant.

- Maman et Papa ne doivent plus être loin, pense Corina. Ils ont sûrement pris ce chemin.

Puis, elle se met à courir. Son cœur est léger. Le sentier monte. Au sommet, Corina stoppe. Elle contemple une vallée extraordinaire. Une vallée pleine de fleurs magnifiques, de toutes les couleurs et de toutes les tailles. Il y a aussi des arbres aux branches chargées de fleurs blanches. Elle entend des oiseaux chanter. L’herbe est haute et d’un beau vert vif. Le parfum des fleurs parvient jusqu’à Corina.

- Que ça sent bon ! s’exclame-t-elle.

Et sans plus attendre, Corina descend le sentier qui conduit dans la vallée. Des papillons aux merveilleuses couleurs la suivent. Elle s’arrête et tend sa petite main. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, un papillon vient se poser dessus. Corina ne bouge plus. Elle retient son souffle. Elle ne voudrait pas le voir s’envoler de nouveau.

Corina attend. Le papillon se promène le long de son poignet. Il remonte le long de son bras et s’arrête sur son épaule. Il ouvre et ferme régulièrement ses ailes. Puis, il s’élève gracieusement dans le ciel pour finalement revenir se poser sur la tête de Corina. Ravie, la petite fille reprend sa route et pénètre dans la vallée.

Corina n’a plus peur et elle ne pense même plus à ses parents. Le papillon n’a pas bougé d’un pouce. Il semble apprécier la présence de la petite fille.

Corina quitte le sentier et s’enfonce dans l’herbe haute. Elle aperçoit, un peu plus loin, de merveilleuses fleurs. Arrivée devant elles, elle se baisse et en cueille une, puis une deuxième et puis encore une autre.

- Je vais faire un joli bouquet pour Maman, dit-elle.

Et en effet, une dizaine de fleurs dorées aux longues tiges s’épanouissent, dans sa petite main.

Soudain, une lumière scintillante surgit entre les pétales et fonce devant le visage de Corina. Le papillon toujours posé sur sa tête s’envole.

- Qui t’a permis de cueillir mes fleurs ? s’exclame une petite voix fluette et indignée. Je venais juste de finir de les faire pousser. Il va falloir tout recommencer. Flûte alors !

De surprise, Corina en laisse échapper son bouquet. Les yeux grands ouverts, elle regarde la petite créature volante qui vient de prononcer ces mots.

- Tu es une fée ! s’extasie Corina.

- Et pas n’importe quelle fée. Je suis une fée des fleurs. Je m’appelle Lillipidia.

- Enchantée de te connaître Lillipidia. Moi, c’est Corina.

La petite fée se radoucit et fait une courbette devant la petite fille.

- Tu t’es perdue ? demande Lillipidia en se posant sur la corolle d’une fleur.

- Oui, dit Corina. Où sommes-nous ?

- Tu te trouves dans la vallée des fées, au royaume de Darnaya. Rares sont les humains à venir jusqu’ici. La frontière qui sépare nos deux mondes a dû s’ouvrir par accident. Etrange ! 

(A suivre...)

© Sonia Lafont-Manse  - 2015

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays.