Il était une fois... des histoires.

 - Peux-tu m’aider à rejoindre mes parents ?

 - Avec plaisir. Mais avant, je dois faire pousser encore quelques fleurs. Ne bouge pas et admire le spectacle, dit Lillipidia en s’envolant.

Corina s’assoit sur l’herbe. Elle pose Madame LO sur ses jambes croisées. La petite fille ne quitte pas des yeux Lillipidia. La fée s’élève gracieusement dans le ciel. Soudain, les mains de Lillipidia se couvrent de poussière d’or. Elle survole le sol et dépose à plusieurs endroits la poudre magique. Le sol se creuse et brusquement une petite tige verte émerge et grandit. Un magnifique bouton de fleur se forme et s’ouvre sous les rayons d’un soleil généreux.

Bientôt, la vallée est recouverte d’une multitude de fleurs. Des rouges. Des jaunes. Et même des bleues. Emerveillée, Corina découvre aussi des fleurs ayant plusieurs couleurs. Toutes ces merveilles se mélangent harmonieusement.

Corina frappe dans ses mains, tellement elle est contente.

 - Magnifique ! s’exclame-t-elle.

 Le parfum de certaines fleurs parvient jusqu’à la petite fille. Corina attrape Madame LO dans ses bras et se lève. Elle improvise alors une danse avec son doudou.

   - Bravo ! Bravo Lillipidia !

   - Merci, dit la fée en volant vers Corina. J’ai fini pour aujourd’hui. Je n’ai plus de poussière d’or. Maintenant, je te ramène dans ton monde.

   - Tu retrouveras ma maman et mon papa ? s’inquiète Corina.

   - Aucun problème, assure Lillipidia en s’éloignant.

   D’un geste de la main, elle invite Corina à la suivre. Elles arrivent devant les deux chênes.

  - Voici le passage que tu as franchi. Passe entre les deux arbres et tu retourneras dans ton monde, dit Lillipidia.

 - Mais, tu viens avec moi ? demande Corina, guère rassurée. Elle n’a pas envie d’être seule. Elle aime bien sa nouvelle amie.

- Normalement, je dois éviter d’aller dans le monde des humains. Mais, si je ne t’aide pas, tu ne retrouveras jamais tes parents. Allez, en route ! dit Lillipidia en passant entre les deux arbres centenaires.

Corina n’hésite pas un seul instant. Elle serre fort Madame LO contre sa poitrine. Sa peau la chatouille au moment où elle franchit le passage. La petite fille est de nouveau dans la forêt. Elle est même sur un sentier.

GLAA GLAA ! GLAA GLAA ! Il fait froid ici.

Corina découvre que la nuit est tombée. Elle a soudain très peur. Elle n’aime pas le noir. Il y a des monstres dans le noir. Et puis, elle est très fatiguée. Elle voudrait se retrouver dans son petit lit, chez elle. Des larmes apparaissent dans ses yeux. Non, c’est trop pour elle ! Maintenant, Corina pleure.

- Je veux Maman ! dit-elle en reniflant. Je veux mon Papa !

Lillipidia ne sait pas quoi faire pour rassurer sa jeune amie. Elle réfléchit et soudain une idée vient de surgir dans son esprit. La petite fée se pose sur la souche d’un arbre. Elle tourne deux fois sur elle-même et s’arrête. Alors une lumière verte fluorescente l’enveloppe de la tête aux pieds. Cette clarté rayonne tout autour d’elle.

Corina s’arrête de pleurer. Elle renifle et regarde Lillipidia. Le sentier est éclairé par la petite fée. Corina a moins peur. Le noir s’éloigne. Les monstres sont sûrement partis maintenant.

Lillipidia se place devant son amie pour la guider.

- Où est ta maison ? demande Lillipidia.

- Je ne sais pas, répond tristement Corina. J’habite près de la forêt. Notre maison est celle qui se trouve la plus proche des arbres. Je joue souvent près de trois gigantesques chênes. Leurs troncs sont tous noueux.

- Je connais l’endroit, dit Lillipidia. Je suis venue une fois avec mes deux sœurs. Nous devions ramener les graines, d’une fleur très difficile à trouver sur Darnaya. Allez, suis-moi !

Un sourire timide apparaît sur le visage fatigué et encore baigné de larmes de Corina. Elle suit Lillipidia qui éclaire le sentier qui descend. Au bout de dix minutes, ses jambes lui semblent si lourdes et ses paupières se ferment par moment.

- Courage, dit Lillipidia. Nous ne sommes plus loin.

Soudain, elles débouchent près des trois chênes. Toute heureuse, Corina caresse le tronc de l’un d’eux. Ils sont comme des amis. Elle aime tant jouer autour d’eux. Parfois, elle entend un étrange chant qui s’échappe de leur feuillage dense. Dans ces moments-là, la petite fille cesse de s’amuser et tend l’oreille. Elle ferme les yeux et se laisse bercer par l’étrange mélodie. Il s’agit du vent qui s’engouffre entre les branches et agitent les feuilles. Elle aime cette musique. Mais ce soir, tout est silencieux.

- Ne traîne pas, dit Lillipidia. Je vois les lumières d’une maison.

La fée décide de voler plus vite. Corina court derrière son amie et tient solidement Madame LO par les oreilles. Elle ne veut surtout pas la perdre. Enfin, Lillipidia sort de la forêt. Le sentier devient une petite route goudronnée qui mène à un jardin. La barrière de bois est ouverte. Corina rit de joie. Elle est enfin arrivée chez elle. Elle se précipite à la fenêtre du salon et découvre ses parents. Maman est assise sur le canapé. Elle pleure en serrant un mouchoir dans sa main. Papa fait les cent pas. La peur se lit sur leur visage.

Corina se tourne vers Lillipidia.

- Merci pour ton aide. Nous reverrons-nous ?

- Tu seras toujours la bienvenue dans la vallée des fées, dit Lillipidia. Madame LO te facilitera le passage.

- Mais, comment ?

Lillipidia claque des doigts et de la poussière d’or se déverse sur Madame LO.

- Il m’en restait encore un peu, dit malicieusement la petite fée. Maintenant, il te suffira de frotter les deux oreilles de Madame LO, l’une contre l’autre, tout en pensant à Darnaya, pour te retrouver aussitôt dans la vallée des fées. Fait bon usage de cette magie, Corina.

Puis, dans une gerbe d’étincelles, Lillipidia disparaît.

Heureuse, mais fatiguée, Corina se dirige vers la porte d’entrée. Elle frappe plusieurs coups. La porte s’ouvre et Corina se jette dans les bras de sa maman.

Maman la serre trop fort, mais elle s’en moque. Corina entend Papa qui parle au téléphone. Corina est de retour à la maison. Elle est saine et sauve. Corina s’endort dans les bras de sa maman qui la porte jusqu’à sa chambre. Elle la dépose sur son lit et la recouvre de sa couette rose et blanche. Madame LO est tout contre le cœur de Corina.

Cette nuit-là et les suivantes, Corina rêve de sa nouvelle amie, Lillipidia. Grace à Madame LO, qui est devenue encore plus précieuse à ses yeux, elle peut rejoindre le monde des fées.

Mais, pour l’heure, chut ! Laissons Corina à ses jolis rêves…

© Sonia Lafont-Manse  - 2015

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

La vallée des fées

Corina est une petite fille, âgée de quatre ans. Elle a de grands yeux bleus, comme un ciel d’été. Elle ne lâche jamais son doudou. C’est un lapin rose délavé, dont le bout des oreilles est tout usé. Il a été lavé, tant et tant de fois. Mais pour rien au monde, Corina ne voudrait se séparer de Madame Longues Oreilles. Pour simplifier, Corina appelle affectueusement son doudou : Madame LO.

Aujourd’hui, c’est dimanche. Corina et ses parents se promènent dans la forêt. Maman montre des fleurs à Corina, en les nommant. Papa marche devant elles. Corina serre Madame LO contre sa poitrine. La forêt semble mystérieuse. Que se cache-t-il derrière les arbres ? Et sous les buissons ? Y-a-t-il des méchants loups ? Guère rassurée, Corina se rapproche de Maman.

Corina avance sur le sentier qui semble sans fin. Elle se sent fatiguée. Soudain, son regard est attiré par un papillon, aux merveilleuses couleurs. Corina lâche la main de Maman et suit la magnifique créature qui s’élève vers la cime d’un arbre. Déçue, la petite fille regarde vers le sol et découvre des fourmis qui avancent en file indienne. Certaines portent des œufs blancs, d’autres des morceaux de feuilles vertes et d’autres encore des brindilles. Corina s’accroupit et regarde passer le long cortège. Ca n’en finit plus ! Elles ne sont jamais fatiguées ces fourmis ?

 Finalement, Corina se lasse de ce spectacle. Elle se redresse et constate que ses parents ne sont plus là.

- Où est Maman ? Où est Papa ? dit-elle les larmes aux yeux.

Maintenant, Corina court. Elle a peur dans la forêt. Heureusement, elle n’est pas seule. La présence de Madame LO, la rassure.

- Ils ne sont pas loin, dit-elle tout bas à l’attention de Madame LO.

Soudain, Corina s’arrête. Devant elle, il y a deux sentiers. Lequel prendre, pour rejoindre Maman et Papa ? La petite fille hésite, puis finalement prend le chemin de gauche. Elle serre très fort Madame LO contre sa poitrine. Tout est silencieux. Il semble n’y avoir personne.

La petite fille passe entre deux gigantesques chênes. L’air crépite soudain, autour d’elle. Des petites flammes dorées viennent caresser son petit corps. Cela chatouille ! Corina ne peut s’empêcher de rire. Un rire joyeux. Un rire d’enfant.

- Maman et Papa ne doivent plus être loin, pense Corina. Ils ont sûrement pris ce chemin.

Puis, elle se met à courir. Son cœur est léger. Le sentier monte. Au sommet, Corina stoppe. Elle contemple une vallée extraordinaire. Une vallée pleine de fleurs magnifiques, de toutes les couleurs et de toutes les tailles. Il y a aussi des arbres aux branches chargées de fleurs blanches. Elle entend des oiseaux chanter. L’herbe est haute et d’un beau vert vif. Le parfum des fleurs parvient jusqu’à Corina.

- Que ça sent bon ! s’exclame-t-elle.

Et sans plus attendre, Corina descend le sentier qui conduit dans la vallée. Des papillons aux merveilleuses couleurs la suivent. Elle s’arrête et tend sa petite main. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, un papillon vient se poser dessus. Corina ne bouge plus. Elle retient son souffle. Elle ne voudrait pas le voir s’envoler de nouveau.

Corina attend. Le papillon se promène le long de son poignet. Il remonte le long de son bras et s’arrête sur son épaule. Il ouvre et ferme régulièrement ses ailes. Puis, il s’élève gracieusement dans le ciel pour finalement revenir se poser sur la tête de Corina. Ravie, la petite fille reprend sa route et pénètre dans la vallée.

Corina n’a plus peur et elle ne pense même plus à ses parents. Le papillon n’a pas bougé d’un pouce. Il semble apprécier la présence de la petite fille.

Corina quitte le sentier et s’enfonce dans l’herbe haute. Elle aperçoit, un peu plus loin, de merveilleuses fleurs. Arrivée devant elles, elle se baisse et en cueille une, puis une deuxième et puis encore une autre.

- Je vais faire un joli bouquet pour Maman, dit-elle.

Et en effet, une dizaine de fleurs dorées aux longues tiges s’épanouissent, dans sa petite main.

Soudain, une lumière scintillante surgit entre les pétales et fonce devant le visage de Corina. Le papillon toujours posé sur sa tête s’envole.

- Qui t’a permis de cueillir mes fleurs ? s’exclame une petite voix fluette et indignée. Je venais juste de finir de les faire pousser. Il va falloir tout recommencer. Flûte alors !

De surprise, Corina en laisse échapper son bouquet. Les yeux grands ouverts, elle regarde la petite créature volante qui vient de prononcer ces mots.

- Tu es une fée ! s’extasie Corina.

- Et pas n’importe quelle fée. Je suis une fée des fleurs. Je m’appelle Lillipidia.

- Enchantée de te connaître Lillipidia. Moi, c’est Corina.

La petite fée se radoucit et fait une courbette devant la petite fille.

- Tu t’es perdue ? demande Lillipidia en se posant sur la corolle d’une fleur.

- Oui, dit Corina. Où sommes-nous ?

- Tu te trouves dans la vallée des fées, au royaume de Darnaya. Rares sont les humains à venir jusqu’ici. La frontière qui sépare nos deux mondes a dû s’ouvrir par accident. Etrange ! 

(A suivre...)

© Sonia Lafont-Manse  - 2015

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

Corina se retrouve au royaume de Darnaya, un monde magique et hors du temps. Dans la vallée des Fées, la fillette fait la connaissance de Lillipidia, une petite fée.

Au cours de nombreuses aventures, Corina découvre le monde merveilleux de Darnaya et de ses étranges habitants.

Livre 1 : La vallée des Fées.

Livre 2 : Le troll des cavernes.

Livre 3 : Le rêve de Corina.

Livre 4 : La fleur de cristal.